mardi 14 octobre 2014

Mercredi 14 octobre 1914

Aujourd’hui nous commençons à faire du travail, ce sont des tranchées et des abris. Mais plus du tout même genre que celles apprises, tranchées profondes et étroites, et aussi bien dissimulées que possible avec abris de chaque côté. Le travail est facile car à deux mètres de profondeur nous ne trouvons pas une pierre. Terrain argileux et on taille là-dedans comme dans du gruyère. Aussi avance-t-on à creuser, et avec cela le terrain ne s’éboule pas. Aussi c’est pain béni pour nous qui avons d'habitude des cailloux. Les tranchées que nous exécutons sont à 3 km en arrière de notre cantonnement et on mange sur le terrain, parfois on se met la [Illisible] pendant ces moments nous tapons dans la réserve particulière.

Aujourd’hui nous avons assisté à un spectacle intéressant. Plusieurs avions volaient au-dessus de nos têtes et filèrent vers la bataille pour des reconnaissances.

Un de ceux-ci s’étant plus approché, les batteries allemandes ont dû l’apercevoir, et presque aussitôt un obus éclate dans la direction de l’avion, suivi d’un autre, et 18 ont éclaté ainsi dans l’espace d’une minute. Mais sans l’attendre, le pilote a continué son vol tranquillement, semblant ainsi narguer les canonniers ennemis. Nous avions déjà assisté à pareil spectacle deux jours avant, mais comme c’était très loin on ne voyait que les nuages de fumée produits par l’éclatement mais sans voir l’aéroplane.
On entend de grosses pièces, ce sont probablement des 120 ou 155. De la grosse artillerie anglaise est arrivée il y a deux jours et a remplacé un régiment de 75 français qui est passé près de nous et est allé prendre un autre poste de combat dans une direction inconnue, vers le nord probablement.

Je reçois vers le soir le bonjour de Colin(1) qui a su qu’on était là par Chellier du Cours que nous avions rencontré le mardi en allant vers Buisan ; cela fait plaisir de sentir des pays tout près et je pense que bientôt on aura le plaisir de se serrer la main. Nous ne lisons aucun journal, par conséquent plus de nouvelles. Nous avons cela en moins, quoique plus près. On nous a dit que, dans la nuit d’avant, un convoi allemand avait été détruit par l’artillerie.

(1) André Colin, de l'Argentière, sergent au 159e régiment d'infanterie.

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