Nous avons passé
encore la nuit de lundi à mardi dans le cantonnement. Vers midi,
nous repartons vers la fabrique qui a brûlé et faisons un boyau de
communication sur le revers de la route. Sur notre passage détourné,
nous voyons les maisons écroulées de fond en comble, chevaux
crevés, éventrés, ce ne sont que des ruines. Les marmites ont
éclaté par là, et dans les champs il y a de grands entonnoirs
produits par les éclatements.
Vers cinq heures nous
rentrons, mais sommes arrêtés par les batteries de 75 qui font un
feu d'enfer. De même nos propres pièces tirent, et nous ne pouvons
pas avancer. Situation critique et s'il arrive un obus à ce moment,
il y reste une tapée d'hommes. Je vois des obus qui éclatent vers
notre cantonnement et je perçois un cri mais n'y prête pas
attention. Une demi-heure après, ayant réussi à passer, nous
voyons passer dans la rue des blessés portés sur des brancards.
Ils sont de la
compagnie, c'est un obus de ceux que j'ai vu tomber, et le cri était
poussé par un de ces hommes. Un homme est mort et sept blessés. Ce
qui porte à douze le nombre de manquants, si cela continue cela ira
mal. De ce fait, nous lâchons Sainte-Catherine et nous nous
dirigeons dans la nuit vers Saint-Aubin où nous couchons.
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