On nous réveille à 2
heures du matin, et partons presque aussitôt pour le quart à
Saint-Laurent(1)
où il y a eu aussi une attaque. Nous faisons des créneaux dans les
maisons afin de pouvoir tirer sur un clocher où les Allemands ont
installé une mitrailleuse. C'est dans ce village, dans une cour, que
j'ai vu le premier mort, un chasseur. Il était recouvert de son
manteau. Héros obscur tombé pour la défense de la patrie. Des
blessés passent aussi, un chasseur qui revenait de porter la soupe,
vient d'être blessé, et une balle lui a traversé le bras. Nous le
pansons, et je lui donne à boire du rhum. Quelle désolation dans le
pays : les toits crevés, maisons abandonnées par leur
propriétaires ; et tout est en l'air, meubles épars, façades
trouées. Dans les rues traînent épars des fusils cassés,
baïonnettes tordues, cartouchières, effets. C'est navrant et bien
fait pour attaquer le moral.
Dans la ferme que je
suis abrité, et pas abandonnée, je trouve du lait et du beurre ce
qui nous fait plaisir. Les balles sifflent à nos oreilles et
s'aplatissent avec un claquement de foret. On fait des ouvertures de
maison en maison et passons en terrain découvert par une sape afin
de dégager deux sections de chasseurs à pieds, mais ne pouvons
finir notre travail car les obus percutants et fusants pleuvent de
tous côtés, les tuiles tombent, et obligé de se terrer, un
chasseur à été tué, un autre blessé, mais dans notre section
aucun blessé. On se défile à l'entrée de la nuit mais à ce
moment se produit l'attaque allemande. Les balles pleuvent, il y a un
moment de confusion et ensuite l'ordre renaît. Les Allemands sont
maintenus, il y a eu des pertes sérieuses de part et d'autre. Nous
avons en cette soirée deux sergents et un caporal blessés, 1
disparu.
(1) Saint-Laurent-Blangy
au nord d'Arras
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire