samedi 25 octobre 2014

Dimanche 25 octobre 1914

On nous réveille à 2 heures du matin, et partons presque aussitôt pour le quart à Saint-Laurent(1) où il y a eu aussi une attaque. Nous faisons des créneaux dans les maisons afin de pouvoir tirer sur un clocher où les Allemands ont installé une mitrailleuse. C'est dans ce village, dans une cour, que j'ai vu le premier mort, un chasseur. Il était recouvert de son manteau. Héros obscur tombé pour la défense de la patrie. Des blessés passent aussi, un chasseur qui revenait de porter la soupe, vient d'être blessé, et une balle lui a traversé le bras. Nous le pansons, et je lui donne à boire du rhum. Quelle désolation dans le pays : les toits crevés, maisons abandonnées par leur propriétaires ; et tout est en l'air, meubles épars, façades trouées. Dans les rues traînent épars des fusils cassés, baïonnettes tordues, cartouchières, effets. C'est navrant et bien fait pour attaquer le moral.

Dans la ferme que je suis abrité, et pas abandonnée, je trouve du lait et du beurre ce qui nous fait plaisir. Les balles sifflent à nos oreilles et s'aplatissent avec un claquement de foret. On fait des ouvertures de maison en maison et passons en terrain découvert par une sape afin de dégager deux sections de chasseurs à pieds, mais ne pouvons finir notre travail car les obus percutants et fusants pleuvent de tous côtés, les tuiles tombent, et obligé de se terrer, un chasseur à été tué, un autre blessé, mais dans notre section aucun blessé. On se défile à l'entrée de la nuit mais à ce moment se produit l'attaque allemande. Les balles pleuvent, il y a un moment de confusion et ensuite l'ordre renaît. Les Allemands sont maintenus, il y a eu des pertes sérieuses de part et d'autre. Nous avons en cette soirée deux sergents et un caporal blessés, 1 disparu.

(1) Saint-Laurent-Blangy au nord d'Arras

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire