jeudi 11 décembre 2014

Vendredi 11 décembre 1914

Ma section part à 11 heures du matin pour faire la relève à 6 heures. On nous a adjoint 20 zouaves par section, qui ont été pris parmi les mineurs et terrassiers, de cette sorte nous avons de fortes sections. Je suis placé à gauche de la route de Lille en face de la tranchée que nous avons abandonnée. On fait un boyau qui monte vers cette tranchée pour la prendre d'enfilade. Nous en sommes environ à 70 mètres. La route de Lille présente un triste aspect, elle est coupée sur plusieurs points, et les arbres sont hachés par les balles, les obus en ont coupé plusieurs et coupé un grand nombre de branches.

Avec un capitaine de zouaves, nous sommes allés voir les dispositions de l'état des travaux. Pour cela, nous sommes allés dans les tranchées des Joyeux, où se trouvait un périscope, appareil très simple formé d'un jeu de glaces qui permet de voir tout ce que l'on a devant soi, sans mettre sa tête au-dessus du parapet. Il n'y a que la glace qui dépasse, de cette façon nous avons vu la direction de la sape par rapport à la tranchée Allemande.

J'ai vu aussi les cadavres des zouaves tués au cours des assauts, et il y en a beaucoup, sans compter ceux qui sont dans les tranchées. Quelle désolation et dire qu'on est tous appelés au même sort. Enfin tout le monde n'y reste pas, et on a 50 chances de s'en tirer. La proportion est faible en effet, et encore plus d'être blessé. Je quitte le périscope, le capitaine regarde à son tour, mais les Allemands l'ont aperçu aussi, et une balle traverse l'appareil sans le casser. Heureusement que le parapet prenait, sans cela la tête recevait plusieurs fois. On tire au-dessus, et il faut changer de place si l'on veut continuer de voir.

Sur les 2 heures, au moment où on vient me relever, quelques bombes arrivent mais éclatent en dehors de la tranchée. J'ai su plus tard que sur la route, une bombe avait blessé 5 à 6 zouaves, dont 2 ont les jambes coupées, c'est terrible et il faut rester là. Nous, on en lance aussi mais ce n'est pas merveilleux. Naturellement, si cela porte dans la tranchée, cela doit aussi y faire du mal car la mélinite est terrible, mais on ne peut pas voir les dégâts que cela y cause. On commence quand même à s'inquiéter du mal que nous font ces bombes, et je crois qu'on va placer des mortiers plus gros dans les tranchées et pointés par des artilleurs. On termine par où on aurait dû commencer, et il faut que cela soit toujours l'ennemi qui fasse voir la marche à suivre.
Periscope tranchée française

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