Le résultat de
l'attaque d'hier, c'est que bien préparée par l'artillerie, qui en
effet a donné son maximum, trois tranchées ont été prises. On
disait aussi le village de Carency, mais il n'y aurait rien de sûr.
Pour nous, en se rendant aux tranchées et en passant dans
Sainte-Catherine, avons essuyé quelques obus qui faisaient voler les
tuiles. On en a été quitte pour se mettre une demi-heure à l'abri.
Le temps s'est de
nouveau radouci, et la pluie tombe, de ce fait les boyaux de
communication et les tranchées sont pleins de boue, et en certains
endroits on enfonce à nouveau jusqu'aux genoux. Le pire est que les
talus s'éboulent, et il ne reste plus de forme aux parapets, et les
créneaux en bois dégringolent. Nous faisons toujours des mines et
tête de sape pour rapprocher notre première ligne des tranchées
ennemies. Quelques postes d'écoute sont établis de loin en loin, de
manière à s'assurer si les Allemands ne travaillent pas vers nous,
et prévenir leurs attaques souterraines. Vers 11 heures du soir, un
vent violent se lève, et en revenant sur la route de Lille, il était
si fort qu'il nous empêchait d'avancer à certains moments, et il
fallait se cramponner les uns les autres. On est arrivé tout trempé,
et plein de boue. Je souffre toujours pour marcher. Auparavant
j'avais des souliers trop petits, on m'en donne d'autres qui
ressemblent à des bateaux. C'est sans doute pour compenser le retard
qu'on a mis à m'en procurer et on me sert copieusement. De cette
façon, mes pieds naviguent au dedans, augmentés par la boue qu'ils
amassent. Il me semble traîner des boulets. C'est bien l'armée.
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