Me voici au repos avec
une bronchite attrapée pendant ces jours derniers et surtout pendant
les 24 heures qui viennent de s'écouler ; de dimanche à
minuit, à lundi à pareille heure, il s'est déroulé d'autres
événements.
Nous travaillons dans
toutes nos attaques, lorsque vers 6 heures du matin, à la pointe du
jour, nous entendons des explosions de bombes successives et vers la
tranchée de première ligne où nous avons deux rameaux. Les
zouaves, attaqués à l'improviste et peu nombreux, arrivent à se
sauver après avoir quelques hommes hors de combat. Mais nous avons
quatre sapeurs qui, surpris dans les rameaux ont dû être faits
prisonniers à moins qu'ils n'aient été tués, ce que je ne pense
pas. Cela a été mené rapidement, et les ennemis retournent le
parapet et se mettent à l'abri. Si nous avions contre-attaqué de
suite on aurait pu mieux réussir à les débusquer, mais ils ont le
temps de prendre position et installer leurs mitrailleuses. Vers une
heure de l'après-midi, une compagnie de zouaves essaye de reprendre
la tranchée à l'assaut, mais les premiers qui partent sont fauchés,
et tout y passerait, et beaucoup de blessés sont ramenés en
arrière, ceux qu'on a pu prendre. D'une section, il reste un homme.
À 3 heures, on
bombarde par le canon la position, et pendant 20 à 30 minutes c'est
un roulement de tonnerre, nous sommes là huit hommes dans un bout de
boyau où nous commençons une tranchée et à peu de distance d'où
partent les obus. Ils passent sur notre tête, et je sens l'air
qu'ils déplacent. Les tranchées sont bouleversées et les Allemands
doivent fuir, car à certains moments nos mitrailleuses fonctionnent.
Le bombardement cesse, et l'assaut est donné sur notre droite, et en
première ligne il tombe du monde, mais elle doit être prise, on ne
voit pas très bien car il commence à faire nuit. Peu d'instants
après, la fusillade se fait entendre devant nous, ce sont les nôtres
qui tirent, par conséquent elle doit être à nous, et peu
d'instants après les bombes tombent de nouveau sur cette tranchée,
nos lignes sont pleines d'hommes de renfort pour l'attaque, et on ne
peut passer dans les boyaux.
Nous sommes enfin
relevés à 9 heures du soir, quelle misère pour revenir, il pleut
et les chemins sont pleins d'eau, nous en avons jusqu'à mi-jambe.
Tout le long du chemin nous trouvons des blessés que l'on porte au
poste de secours. Quel spectacle. On m'a dit le lendemain qu'il y
avait encore eu attaque dans la nuit et qu'on avait fini par
abandonner cette tranchée pour laquelle 500 zouaves sont tombés,
quelle perte.
De notre côté,
quelques-uns des nôtres y sont restés. Que de sang répandu. De
leur côté, les Allemands doivent aussi avoir du monde par terre
mais on ne peut évaluer leur pertes. Ils doivent tenter un nouvel
assaut, et pendant quelques jours cela va être terrible.
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