lundi 8 décembre 2014

Mardi 8 décembre 1914

Me voici au repos avec une bronchite attrapée pendant ces jours derniers et surtout pendant les 24 heures qui viennent de s'écouler ; de dimanche à minuit, à lundi à pareille heure, il s'est déroulé d'autres événements.

Nous travaillons dans toutes nos attaques, lorsque vers 6 heures du matin, à la pointe du jour, nous entendons des explosions de bombes successives et vers la tranchée de première ligne où nous avons deux rameaux. Les zouaves, attaqués à l'improviste et peu nombreux, arrivent à se sauver après avoir quelques hommes hors de combat. Mais nous avons quatre sapeurs qui, surpris dans les rameaux ont dû être faits prisonniers à moins qu'ils n'aient été tués, ce que je ne pense pas. Cela a été mené rapidement, et les ennemis retournent le parapet et se mettent à l'abri. Si nous avions contre-attaqué de suite on aurait pu mieux réussir à les débusquer, mais ils ont le temps de prendre position et installer leurs mitrailleuses. Vers une heure de l'après-midi, une compagnie de zouaves essaye de reprendre la tranchée à l'assaut, mais les premiers qui partent sont fauchés, et tout y passerait, et beaucoup de blessés sont ramenés en arrière, ceux qu'on a pu prendre. D'une section, il reste un homme.

À 3 heures, on bombarde par le canon la position, et pendant 20 à 30 minutes c'est un roulement de tonnerre, nous sommes là huit hommes dans un bout de boyau où nous commençons une tranchée et à peu de distance d'où partent les obus. Ils passent sur notre tête, et je sens l'air qu'ils déplacent. Les tranchées sont bouleversées et les Allemands doivent fuir, car à certains moments nos mitrailleuses fonctionnent. Le bombardement cesse, et l'assaut est donné sur notre droite, et en première ligne il tombe du monde, mais elle doit être prise, on ne voit pas très bien car il commence à faire nuit. Peu d'instants après, la fusillade se fait entendre devant nous, ce sont les nôtres qui tirent, par conséquent elle doit être à nous, et peu d'instants après les bombes tombent de nouveau sur cette tranchée, nos lignes sont pleines d'hommes de renfort pour l'attaque, et on ne peut passer dans les boyaux.
Nous sommes enfin relevés à 9 heures du soir, quelle misère pour revenir, il pleut et les chemins sont pleins d'eau, nous en avons jusqu'à mi-jambe. Tout le long du chemin nous trouvons des blessés que l'on porte au poste de secours. Quel spectacle. On m'a dit le lendemain qu'il y avait encore eu attaque dans la nuit et qu'on avait fini par abandonner cette tranchée pour laquelle 500 zouaves sont tombés, quelle perte.

De notre côté, quelques-uns des nôtres y sont restés. Que de sang répandu. De leur côté, les Allemands doivent aussi avoir du monde par terre mais on ne peut évaluer leur pertes. Ils doivent tenter un nouvel assaut, et pendant quelques jours cela va être terrible.

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