La nuit se passe assez
calme, de notre côté des balles sifflent. À 6 heures du matin, sur
notre gauche, se produit une contre-attaque allemande pour reprendre
la tranchée abandonnée par eux la veille. Mais le coup ne réussit
pas. Nous avons mis baïonnette au canon, au cas où l'on nous
attaquerait aussi, et doigt sur la détente, et l’œil au guet on
se tient prêt à toute éventualité. Mais tout se calme au bout de
20 minutes. Nous passons toute la journée car nous ne serons relevés
que le soir. Cela fait un peu long comme durée de travail.
Vers 3 heures du soir,
j'ai failli y passer. Un sapeur m'appelle pour me faire voir quelque
chose dans les tranchées allemandes, à peine levons-nous la tête
pour regarder qu'une balle passe entre nous deux et s'enfonce dans le
parapet. On se baisse aussitôt après le claquement, dans le genre
d'un fort coup de fouet, afin d'éviter une deuxième si elle vient,
car c'est sur nous qu'on tire, pas d'erreur. On se regarde tous deux
et on a une drôle de sensation, il était moins cinq comme on dit
couramment. 10 minutes après et sur notre droite, on nous dit qu'un
fourrier(1)
de zouave vient de recevoir une balle en plein front. C'est
généralement la tête qui attrape car c'est elle seule qui peut
dépasser les parapets.
Enfin à 10 heures du
soir on est relevé et on arrive (après une marche rendue pénible
par l'excès de fatigue) à Anzin à minuit.
(1)Sergent-fourrier,
grade remplacé par sergent-chef en 1928.
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