vendredi 28 novembre 2014

Samedi 28 novembre 1914

La nuit se passe assez calme, de notre côté des balles sifflent. À 6 heures du matin, sur notre gauche, se produit une contre-attaque allemande pour reprendre la tranchée abandonnée par eux la veille. Mais le coup ne réussit pas. Nous avons mis baïonnette au canon, au cas où l'on nous attaquerait aussi, et doigt sur la détente, et l’œil au guet on se tient prêt à toute éventualité. Mais tout se calme au bout de 20 minutes. Nous passons toute la journée car nous ne serons relevés que le soir. Cela fait un peu long comme durée de travail.

Vers 3 heures du soir, j'ai failli y passer. Un sapeur m'appelle pour me faire voir quelque chose dans les tranchées allemandes, à peine levons-nous la tête pour regarder qu'une balle passe entre nous deux et s'enfonce dans le parapet. On se baisse aussitôt après le claquement, dans le genre d'un fort coup de fouet, afin d'éviter une deuxième si elle vient, car c'est sur nous qu'on tire, pas d'erreur. On se regarde tous deux et on a une drôle de sensation, il était moins cinq comme on dit couramment. 10 minutes après et sur notre droite, on nous dit qu'un fourrier(1) de zouave vient de recevoir une balle en plein front. C'est généralement la tête qui attrape car c'est elle seule qui peut dépasser les parapets.
Enfin à 10 heures du soir on est relevé et on arrive (après une marche rendue pénible par l'excès de fatigue) à Anzin à minuit.

(1)Sergent-fourrier, grade remplacé par sergent-chef en 1928.

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