samedi 29 novembre 2014

Dimanche 29 novembre 1914

J'ai dormi comme un morceau de bois et me réveille à 7 heures et demi, le sommeil dissipé mais fatigué. De toute la journée je ne fais pas 500 mètres. Je profite pour faire ma correspondance le soir, car j'ai reçu 7 lettres à la fois, et il faut que j'y réponde. Le manque de temps a mis du retard dans mon courrier.

Dans la ferme où nous sommes, et ma foi l'on est bien tombé pour une fois, car nous avons table pour écrire et un fourneau qui ronfle, et le patron, un cultivateur nous tend du café chaud et la goutte à bon compte, tout le monde est content. Les deux sergents qui sont avec moi, avons une pièce à côté, où un cuisinier de zouave nous a dit de nous mettre, et sommes comme chez nous et y couchons sur un matelas étalé par terre. Quel lit de plume comparé à la litière que l'on a eue jusqu'à présent. Quand le cuisinier a servi ses chefs, un adjudant, un maréchal des logis des chasseurs d'Afrique, et deux autres, on se fait cuire des plats et on se rattrape des jours où l'on n'avait pas de patates. Ici on en a dans le champ en face. Nous avons pu ainsi augmenter notre ordinaire car en ce moment la cuisine n'est pas merveilleuse à la section.

Le soir on a fumé quelques cigarettes, et en faisant les lettres, le patron m'a payé le café et ensuite le thé. C'est le premier que nous trouvons aussi aimable, car le genre du nord est d'être froid et peu communicatif. Mais il se trouve que mon proprio a resté longtemps à Paris, et peut-être est-ce pour cela qu'il est plus sociable. Il nous a aussi vendu du vin à 2 Fr le litre, on le trouve cher mais c'est du vieux et excellent. J'ai remarqué que dans le nord tous les vins sont en bouteilles et qu'ils sont de qualité supérieure, quoique ce ne soit pas leur boisson courante, ils aiment le bon et leur cave est en rapport. Je me couche à 10 heures du soir.

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