On était au travail
lorsque vers 10 heures du matin arrive l'ordre de partir, pour aller
du côté d'Arras à Anzin-Saint-Aubin.
Nous partons donc de
Gouy-Servins à 1 heure 30 sac au dos, et on peut dire qu'il pèse,
et les courroies me coupent les épaules, car voilà 25 jours qu'on
ne l'avait pas endossé. On passe de nouveau à Camblain-l'Abbé où
l'on fait une pose, ensuite Acq, et de là, on prend la route
d'Aubigny. À Hautes-Avesnes, nous prenons la grande route d'Arras
que nous suivons jusqu'à celle de Luël les Duisans
(Agnez-les-Duisans). On arrive enfin à Anzin-Saint-Aubin à 7 heures
du soir. On nous cantonne dans l'église pour y passer la nuit.
On en profite de manger
un peu de pain, et on défonce une boîte de conserve, et cela fait
le souper. On a faim. À 9 heures mauvaise surprise, on nous dit que
les 1e, 2e et 3e sections partent pour le travail de nuit aux
tranchées de première ligne. Malgré la fatigue causée par la
marche effectuée, on part. La route est pénible et boueuse,
défoncée par le roulement, et nous mettons 2 heures à atteindre
notre but. À certains points non défilés les balles sifflent de
tous côtés, personne n'est touché. La nuit se passe lente et
triste. Les hommes ne peuvent plus donner, vaincus par la fatigue et
le sommeil.
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