lundi 10 novembre 2014

Mardi 10 novembre 1914

On travaille toujours sur la chapelle, qui est maintenant un amoncellement de ruines. Des tranchées où nous sommes, on aperçoit à travers le brouillard et à 20 mètres à peine, toute une rangée de morts. Il y en a de 25 à 30, tous sont tombés presque en ligne, fauchés sans doute par la mitrailleuse au moment d'une charge à la baïonnette. Les cadavres sont noirs car il y a un mois déjà qu'ils sont là, car il était impossible de les ramasser. Peut-être qu'à présent on pourra les enterrer sans être exposé à se faire tuer. Car on tire sur le premier qui sort. Voilà la guerre, où sont donc les conventions internationales et leurs applications ! Tout est violé, et plus de lois n'existent. C'est d'un triste spectacle que de voir cela, et on se sent remué jusqu'au fond de l'âme. De temps en temps, suivant l'air, arrivent les senteurs des corps en putréfaction, et il faut rester là dans cette atmosphère avec ce spectacle sous les yeux. D'après beaucoup, il paraît que cela n'est rien auprès de ce qu'ils ont vu. Je me demande alors ce que ce doit être.

Nous continuons à fortifier la position.

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