vendredi 26 décembre 2014

Samedi 26 et dimanche 27 décembre 1914

La journée de samedi à été marquée par la mort d'un sapeur tué d'une balle à la tête. C'est toujours aux premières lignes que cela arrive. Une bombe, en éclatant, blesse aussi un sapeur et un territorial, mais ce n'est pas très grave car ils se ramènent tout seuls. Ce matin vers 8 heures, dans une sape de tête, j'entends appeler, je m'approche et vois encore un sapeur ensanglanté ; c'est une balle qui vient de le traverser, probablement au cœur, car il n'a pas poussé un soupir et est mort aussitôt après. Détail plus navrant et ce dont je me suis rendu compte une heure après, ce sont les français qui l'ont tué, croyant tirer sur les Allemands. D'ailleurs il n'aurait pu être touché du côté ennemi, un fort parapet étant de ce côté. C'est ce qui prouve que la moitié du temps, les veilleurs ne savent pas exactement où sont les tranchées ennemies et tirent sur les leurs. Et ce n'est pas la première fois que cela arrive et malheureusement pas la dernière.

Celui qui a été frappé de cette mort, c'est son camarade qui était à côté de lui et qui s'était engagé pour faire la guerre avec lui, et il a dû éprouver une forte secousse en voyant tomber son ami, aussi le pauvre garçon en pleurait.

À une heure, le, ou plutôt les canons, se sont mis à vomir du feu, et pendant une heure durant, on peut dire que cela a été un grondement de tonnerre ininterrompu. C'était sur notre gauche et probablement une attaque qu'elle préparait sur Saint-Éloi. Si les Allemands n'ont pas quitté leurs tranchées avec la ferraille qui a dû tomber, c'est qu'ils y sont vissés, car s'ils ne s'en vont ils doivent devenir fous. Tout calibre devait donner 75, 90, 105, 120, 155. On aurait cru la fin du monde. On a essuyé en première ligne quelques obus venant des Allemands, et ils ont fait aussi marcher les mitrailleuses. En croyant qu'on voulait les attaquer mais tout s'est borné à une fusillade. Ce soir on me dit que le village de Carency est à nous. C'est près de Saint-Éloi. Je saurai demain plus exactement ce qu'il en est.

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