Voilà deux mois que
nous sommes partis pour le front et, après diverses pérégrinations,
nous nous trouvons de nouveau depuis quelque temps dans les environs
d'Arras, où nous étions venus en arrivant. La situation depuis deux
mois n'a guère changé de ce côté, si ce n'est de virulentes
attaques de part et d'autre et qui se produisent encore ces jours
derniers. Beaucoup de monde reste sur le terrain, et les blessés le
sont dangereusement, aussi les pertes sont-elles sérieuses dans les
zouaves. Mais il faut tenir, c'est peut-être le dernier effort que
tentent les Allemands avant de se retirer. Qui vivra verra, c'est le
cas ou jamais.
Cette nuit, il y a
encore eu attaque de notre part vers Écurie, et l'affaire n'a pas
très bien réussi. Il est vrai qu'on ne sait jamais bien les
résultats, mais souvent, très souvent, il y a un manque de cohésion
entre le commandement et les exécutants. Il faudrait auparavant en
peser toutes les chances, et que tout le monde sache ce qu'il a à
faire en cas de non réussite, et surtout qu'ils sachent où ils
vont. C'est ce qui est arrivé il y a 8 jours, les zouaves de la
deuxième ligne ont chargé sur ceux de la première, d'où pertes
inutiles et effet moral désastreux.
Décidément, le temps
veut rester mauvais, toujours sombre et brumeux avec pluie de temps
en temps, ce qui rend les marches pénibles.
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