mercredi 17 décembre 2014

Jeudi 17 décembre 1914

Je me suis réveillé la tête lourde. J'ai mal dormi, je ne sais pas si cela provient de la fatigue, car c'était une heure du matin que je me suis couché ; enfin je me suis remis, et après un bon déjeuner, chocolat au lait qu'on s'offre tous les matins, cela allait mieux. Je sens toujours mon pied qui me fait mal, et ce sera ainsi tant qu'on ne me donnera pas d'autres chaussures. Comme remède pansement humide et exempt de chaussures. Je ne puis aller aux tranchées pieds nus, je reste donc, nous verrons demain. Mais le remède principal qu'il faudrait ne vient pas, il faut encore attendre 10 jours.

Aujourd'hui violente canonnade sur la Targette, [Illisible] et Saint-Laurent, il paraît que l'on a avancé sur ces points, mais sur le nôtre c'est toujours là, c'est un coin redoutable et fermé, c'est le front du taureau. Le bombardement doit continuer demain, on doit tenter une poussée, les Anglais ont dû avancer et occupent Lens à ce qu'on nous dit. Si c'est vrai, les Allemands devront bientôt reculer car ils seront pris entre deux feux. Nous aurons, je crois, de drôles de fêtes de Noël, et comme sons joyeux ce sera le grondement du canon.

J'ai reçu des nouvelles de toute la famille et suis heureux que tout le monde soit en bonne santé et mieux placé que moi. Au point de vue guerre, c'est naturel que cela soit moi qui trinque, je suis le plus jeune. Je reçois deux colis, dans l'un du bon beurre du Queyras. Il est bon d'avoir une femme qui vous aime, et on souffre de la peine et du souci que l'on cause à ceux qui vous sont chers. Attendons les événements, on verra encore de terribles choses, si on a le bonheur de passer au travers de cet ouragan de fer.

Ce jour nous a favorisés, car il n'a pas plu, le ciel était presque clair. Aussi les aéroplanes ont recommencé leurs excursions autant d'un côté comme de l'autre.

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