La nuit s'est terminée
mais non sans incident, un homme de la section a été tué dans un
boyau, il a dû se faire voir, sans doute. Le camarade qui était
avec lui a failli y passer aussi, mais a pu se retirer en arrière en
rampant sur le ventre. Il était émotionné, cela se conçoit. Cet
homme n'a pu être retiré que la nuit sans danger. Depuis 24 heures,
il n'y a pas de chance, car avant que nous arrivions, un sapeur de la
première section, qu'on avait envoyé commencer à faire un trou
quelques mètres en avant de la tranchée, avait été tué par un
poste de zouave qui n'avait pas été averti et qui avait l'ordre de
tirer à la moindre des choses. Voilà à quoi aboutissent les
oublis. Quand les accidents se suivent de cette façon, cela fiche le
noir et refroidit les bonnes volontés. Et c'est toujours bêtement
que cela arrive. Nous avons enterré au cimetière de Saint-Aubin ces
hommes. Tous ceux qui sont tombés ont toujours été enterrés.
C'est un devoir à leur rendre, et on a toujours pu le faire jusqu'à
présent.
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