On travaille toujours
sur la chapelle, qui est maintenant un amoncellement de ruines. Des
tranchées où nous sommes, on aperçoit à travers le brouillard et
à 20 mètres à peine, toute une rangée de morts. Il y en a de 25 à
30, tous sont tombés presque en ligne, fauchés sans doute par la
mitrailleuse au moment d'une charge à la baïonnette. Les cadavres
sont noirs car il y a un mois déjà qu'ils sont là, car il était
impossible de les ramasser. Peut-être qu'à présent on pourra les
enterrer sans être exposé à se faire tuer. Car on tire sur le
premier qui sort. Voilà la guerre, où sont donc les conventions
internationales et leurs applications ! Tout est violé, et plus
de lois n'existent. C'est d'un triste spectacle que de voir cela, et
on se sent remué jusqu'au fond de l'âme. De temps en temps, suivant
l'air, arrivent les senteurs des corps en putréfaction, et il faut
rester là dans cette atmosphère avec ce spectacle sous les yeux.
D'après beaucoup, il paraît que cela n'est rien auprès de ce
qu'ils ont vu. Je me demande alors ce que ce doit être.
Nous continuons à
fortifier la position.
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